Les victimes de violence familiale ont particulièrement souffert de la pandémie. Selon Statistique Canada, les refuges hébergent en temps normal 3 000 femmes et leurs 2 500 enfants chaque jour. Or, un sondage mené à la fin de 2020 par Hébergement femmes Canada auprès de 266 refuges fait état d’une augmentation du taux de violence familiale depuis le début de la pandémie. De plus, les restrictions sanitaires ont limité la capacité d’accueil de ces lieux.
Pour soutenir les refuges qui ont été le plus durement touchés en cette période, Kent Browne, courtier responsable et propriétaire de l’agence Royal LePage Team Realty à Ottawa, a décidé de mettre sa collection de souvenirs sportifs aux enchères. En mai 2021, il a mis 99 objets à l’encan virtuel en hommage au numéro 99 lui-même, Wayne Gretzky.
« Je voulais surtout sensibiliser le public, explique Kent Browne. Les temps sont durs et je me suis dit que c’était ma chance de redonner à la communauté ».
L’encan a permis à la Fondation un toit pour tous de Royal LePage d’amasser la somme impressionnante de 17 500 $, qui sera versée aux maisons d’hébergement choisies par les acheteurs. Lorsqu’il a été possible de le faire, Kent a remis personnellement les chèques aux refuges et les objets à leurs nouveaux propriétaires. Michael Spooner & Son, une firme d’encanteurs et d’évaluateurs d’Ottawa, a mis gratuitement sa plateforme à la disposition de l’événement, de sorte que la totalité des fonds ira directement aux refuges.
Il se trouve que Kent a l’encan dans le sang. Plongé dans le monde des enchères à 15 ans, il est aujourd’hui le commissaire-priseur interne de Royal LePage. Il organise généralement de trois à cinq ventes caritatives par an dans le cadre de son travail et de 20 à 30 ventes pour divers organismes. Ses honoraires, blague-t-il, sont de « trois bières ».
La pandémie a interrompu brusquement la tenue d’enchères en salle, et les maisons d’hébergement qui dépendaient des revenus obtenus grâce à leurs activités se sont retrouvées démunies. « Beaucoup de refuges ne sont pas subventionnés par le gouvernement, et pendant les périodes difficiles, les gens ont du mal à être aussi généreux que d’habitude », indique Kent.
Pour couronner le tout, la demande de places en maison d’hébergement a explosé : « On voulait aussi sensibiliser les gens aux difficultés auxquelles les refuges sont confrontés en ce moment : certains en sont réduits à rediriger des femmes et des enfants vers des hôtels ».
Les objets vendus à l’encan allaient d’un chandail de Sidney Crosby à un plateau de service des années 50 à motif de mouches de pêche. La pièce maîtresse : un chandail de Gretzky, vendu à 3 100 $. Une boîte non ouverte des Jeux olympiques d’hiver de 2010 est quant à elle partie pour 20 $ (Kent n’a aucune idée de ce qu’elle contient). Kent s’est aussi séparé d’une édition limitée de la toile imprimée de Tony Harris représentant la golfeuse Brooke Henderson et signée par celle-ci, vendue pour 450 $. La vente a attiré des acheteurs des quatre coins du pays, de Vancouver à Terre-Neuve.
« Je m’assure toujours qu’il y en a pour toutes les bourses, dit Kent. Ça rappelle aux gens que tout le monde a les moyens d’aider son prochain. »
La séparation était parfois difficile. Kent a mis aux enchères le chandail que portait son joueur de hockey préféré, Mark Messier, lors de son dernier match à Ottawa sous les couleurs des Rangers de New York : « Ça, c’était vraiment dur », confie-t-il. Mais ça en a valu la peine : le chandail a rapporté 800 $ pour une très bonne cause.
La Fondation un toit pour tous de Royal LePage est la plus grande fondation publique au Canada vouée au financement des refuges pour femmes et des programmes de prévention de la violence. Les courtiers et agents participants de Royal LePage y donnent une partie de leur commission ou tiennent des campagnes de financement dans leur communauté (parfois pour un organisme précis). La Fondation verse ensuite les fonds à des refuges de partout au pays. Depuis 1998, elle a amassé 35 millions de dollars et contribué au financement de 200 refuges et partenaires nationaux.
Kent Browne croit « profondément » en la fondation et compte mettre d’autres souvenirs au service de la bonne cause. « On va refaire ça à l’automne pour rappeler aux gens que les refuges existent, mais avec des articles plus faciles à expédier », conclut-il.